Introduction
En 2006, le GLI en était à sa neuvième année d’activité. Les principaux développements à signaler sont les suivants:
Le WIEGO devient une organisation: Le GLI fait partie du réseau international WIEGO presque depuis sa fondation: tous deux ont été créées en 1997. Le GLI a commencé à travailler avec le WIEGO en 1998, et deux ans après Dan Gallin (DG) est devenu directeur du Programme d’organisation et de représentation du WIEGO. Il a exercé cette fonction jusqu’à la fin de 2002. Depuis 2000, il est membre du comité exécutif (Steering Committee) et en 2006, il est devenu membre du comité directeur (Managing Committee).En 2006, les activités liées au réseau WIEGO sont restées une priorité, en particulier celles qui visaient à promouvoir la convention du OIT sur le travail à domicile (C.177). En juillet, l’Argentine a été le cinquième pays à ratifier cette convention.
Des discussions exploratoires se sont tenues sur l’extension du réseau WIEGO en Europe, avec le GLI comme base.
Le GLI a également participé aux travaux préparatoires pour établir un réseau international d’organisations d’employées de maison.
En avril 2006, après de longs travaux auxquels a participé DG l’Assemblée générale du WIEGO a adopté une constitution. La nouvelle structure établit formellement le WIEGO comme une organisation basée sur trois corps constituants: des organisations de travailleurs informels, (syndicats, coopératives, associations); des institutions universitaires de recherche; et des agences internationales de développement (non gouvernementales et intergouvernementales).
L’engagement du GLI dans le WIEGO répond à notre conviction que l’organisation des travailleurs dans l’économie informelle, et en particulier des travailleuses, doit être l’une des principales priorités du mouvement syndical.
Comme nous le disions dans notre Déclaration de principes: ” La justice pour les femmes, et leur égalité professionnelle et sociale, nécessitent non seulement des alliances entre les syndicats et les mouvements féministes, mais également la féminisation du mouvement syndical, c’est-à-dire l’arrivée massive de travailleuses dans les syndicats à tous les niveaux, jusqu’aux postes de direction. Ce n’est qu’en modifiant cet aspect de son héritage culturel que le mouvement syndical parviendra à être pleinement représentatif et à obtenir un pouvoir qui lui permette de remplir son mandat.”
Nous pensons également que les travailleurs qui occupent des emplois non réglementés et non protégés ne peuvent exercer leurs droits en tant que travailleurs et en tant que citoyens s’ils ne s’organisent pas en syndicats, les seules organisations d’autodéfense efficaces disponibles pour eux.
Ces travailleurs, dont un très grand nombre sont des femmes, constituent actuellement une partie importante et croissante de la classe ouvrière mondiale. Pour la plupart, ils ne sont toujours pas syndiqués et leurs conditions de travail et de vie sont souvent un affront à la décence et à la justice. C’est la principale raison pour laquelle l’organisation des femmes au travail dans l’économie informelle doit rester une priorité.
Enfin, le GLI a des liens historiques de solidarité avec le SEWA , la plus grande organisation de travailleuses informelles du monde et la principale affiliée du WIEGO. Ces liens, qui remonte à près de 25 ans, dans la préhistoire du GLI, n’ont fait que se renforcer au fil des années. En juillet 2006, le SEWA a enfin été acceptée comme une organisation membre de la CISL et est devenue ainsi membre fondatrice de la CSI en décembre 2006.
Nouvelles publications: Des contributions du GLI ((DG) et Karin Pape (KP)) ont paru dans des anthologies, sous forme de brochures ou sur le site internet du GLI, en anglais, français et allemand. Elles ont servi en partie pour soutenir des activités courantes ( telles que les brochures et articles de KP pour la campagne pour l’obtention des ratifications de C.177). Et en partie pour assembler, organiser et diffuser les connaissances fondamentales sur les idées et l’histoire du mouvement ouvrier, et situer son développement dans une perspective historique.
“Le Mouvement ouvrier” par DG, bref aperçu de l’histoire et de la structure du mouvement ouvrier dans le monde devant servir à la formation, a été publié en bahasa indonesia par le bureau de l’UITA en Indonésie, sous la forme d’une brochure de 70 pages qui a pour titre “Gerakan Buruh”. Quelques 4500 exemplaires ont été imprimés (2500 en février et 2000 en décembre) et presque tous distribués.
Une traduction en thaï a été faite par la Thaï Labour Campaign et sera publiée quand les fonds nécessaires seront disponibles.
Un travail d’édition s’est poursuivi avec le Collège du Travail (Genève) sur une anthologie des écrits de DG qui paraîtra en français en 2007.
Un nouveau site internet du GLI est en préparation et remplacera le site actuel en 2007. Il sera plus facile à consulter et à actualiser. Des contributions de divers auteurs sur des questions du mouvement ouvrier et sur son histoire y seront mises à disposition.
Consultations: Le GLI a fourni pendant l’année informations et conseils à des chercheurs, des étudiants (notamment de l’UNRISD et de la Global Labour University du BIT), des syndicalistes et des militants de mouvements sociaux.
La bibliothèque du GLI, qui contient approximativement 1500 volumes, reste une ressource utile pour la recherche et elle continue de s’agrandir. En 2006, plus de 70 volumes y été ajoutés, par des achats ou des dons.
Le mouvement syndical international: L’événement principal de l’année a été la fondation, le 3 novembre, de la CSI, par la fusion de la CISL et de la CMT , à laquelle se sont jointes huit centrales nationales qui étaient sans affiliation internationale.
Le GLI se propose de travailler avec la CSI sur la question des travailleurs dans l’économie informelle qui a été déclarée prioritaire par la nouvelle organisation, et sur d’autres questions, chaque fois que l’occasion peut s’en présenter. Nous souhaitons avoir des relations constructives et solidaires, malgré certaines réserves, dont on fait part ci-dessous.
La fusion a créé la plus grande organisation syndicale de l’histoire (158 millions de membres dans 153 pays et territoires) et cherche à être “l’instrument d’un nouveau internationalisme syndical”. L’efficacité de cet instrument n’est pas encore évidente.
Beaucoup de questions subsistent. La première est de savoir si la nouvelle organisation peut s’affranchir de l’héritage bureaucratique de ses prédécesseurs centré sur des activités de représentation dans les institutions internationales plutôt que sur la préparation et l’organisation de la lutte globale pour le pouvoir imposée par le capital transnational (voir l’introduction des rapports annuels du GLI de 2003 et 2004). S’il s’agit de vieux vin dans de nouvelles bouteilles, l’opération sera vouée à l’échec – contrairement au vin, les bureaucraties syndicales ne s’améliorent pas avec l’âge.
Il y a deux ans, nous écrivions : “Il existe un réel danger que la majorité du mouvement syndical cherche des solutions à la crise par des exercices de restructuration qui donneront des apparences de pouvoir mais sans la substance.” Ce danger subsiste, surtout si les “Global Unions” s’enferrent dans des questions de marque ou dans des questions d’”architecture” intérieure.
La deuxième question est de savoir si la nouvelle organisation a une vision sur l’avenir de notre société. Jusqu’ici, les principes politiques de la CSI, tels qu’ils apparaissent dans son programme, ne vont pas beaucoup plus loin que le “travail décent” du BIT et les “objectifs du millénaire” des Nations Unies. Ceux-ci reflètent déjà des compromis, formels ou informels, entre des forces sociales en conflit. Ce ne sont pas des programmes du mouvement ouvrier, et en tout cas pas une mise en question de l’ordre social global existant. Pourtant, cet ordre social, qui a produit une exploitation et une oppression sans précédent des travailleurs dans le monde entier, et qui, par ses méthodes de production, menace la vie sur cette planète, doit être fondamentalement mis en question.
La plus grande organisation syndicale internationale que le monde a jamais connue peut-elle se passer d’une analyse sérieuse du système capitaliste global, d’une vision d’un ordre social alternatif et d’un programme pour y arriver ? Certainement elle le peut. Mais la question est alors de savoir si, en l’absence d’une telle vision et d’un tel programme, et sans une analyse réaliste de la situation des travailleurs dans le monde et donc de sa propre situation, elle ne tombera pas dans l’insignifiance.
Malgré ces questions, que nous ne sommes pas seuls à poser, la création de la CSI a créé des attentes et des espoirs. On verra au cours de l’année 2007, une année cruciale, si elle est en mesure de les satisfaire. La CSI peut faire ses preuves par l’action: identifier et déclarer un ennemi (il y en a beaucoup), s’engager dans une lutte importante sur une question perçue comme cruciale par ses membres et la gagner. Une telle action contribuerait à l’unifier et à établir sa crédibilité. Elle devrait, selon l’expression allemande, “sauter par-dessus sa propre ombre”. Autrement dit, il faudrait un miracle. Mais le pire n’est jamais sûr, et comme le faisait déjà remarquer Marx, l’histoire serait de nature “fort mystique” si les accidents n’y jouaient aucun rôle.
Fédération internationale des associations d’éducation des travailleurs (FIAET): Le GLI, qui est en fait une organisation de formation des travailleurs, a continué à être affilié à la FIAET et à participer à ses activités. Ces dernières années, la FIAET a traversé sa propre crise, à cause de l’effondrement politique et organisationnel d’une grande partie de sa base traditionnelle, les associations d’éducation de travailleurs en Europe, peu à peu privées de leurs financements publics. Elle a survécu en devenant de plus en plus l’organisation des institutions de formation syndicale mais la transition a été lente et pourrait être trop lente pour garantir son avenir, qui est maintenant dans les mains du mouvement syndical.
Alors que la nécessité de l’éducation ouvrière comme instrument de réarmement idéologique et d’organisation n’a jamais été plus évidente, il n’est pas du tout certain qu’un nombre suffisant de syndicats financièrement solides et engagés se présentera pour soutenir et développer l’organisation. Si ce n’est pas le cas, une ressource précieuse et irremplaçable de plus aura été perdue. La FIAET a été pionnière dans le développement des cercles d’études internationaux par l’internet, elle a pris l’initiative de discussions sur des politiques syndicales, et développe actuellement des programmes d’éducation pour des travailleurs dans l’emploi informel.
Dave Spooner, secrétaire général de la FIAET, a annoncé qu’il ne se présentera plus à sa réélection à la prochaine conférence générale (Ahmedabad, décembre 2007), pour pouvoir se consacrer à plein temps à son syndicat, le T&GWU, engagé dans un processus de fusion avec Amicus .
Le GLI s’occupe de l’organisation du prochain comité exécutif de la FIAET (Genève, 5-6 juin 2007).
Finances: Au cours de son existence, le GLI a vécu une situation financière précaire alors même qu’il fonctionne avec un minimum de ressources. Son personnel travaille presque entièrement bénévolement. L’essentiel de ses ressources étaient dépendantes de projets et la plus grande partie de son revenu était des honoraires pour travail accompli. En 2006, la situation a été encore plus précaire et le GLI a survécu par des dons privés. Nous espérons que les choses s’amélioreront en 2007, en partie par de nouveaux financements de projets et en partie par l’engagement de plusieurs syndicats de contribuer aux frais de fonctionnement.
Du fait du manque de fonds et de la pression de travaux prioritaires, plusieurs activités prévues pour 2006 ont été provisoirement ajournées. Parmi celles-ci, le projet de créer un réseau international des institutions partenaires du GLI.
Réunions
(DG = Dan Gallin; KP = Karin Pape)
10 janvier (KP): Comité IRENE, Amsterdam
9 février (DG): Global Unions, Global Justice: Time to Create a New Development Agenda for International Labour? Cornell Global Labor Institute, New York (intervention: Organizing: Means and Ends; sur le site du GLI)
10-11 février (DG): Conférence internationale: Global Companies – Global Unions – Global Research – Global Campaigns, Cornell School of Industrial and Labor Relations, New York
29 mai (DG): Global Labour University, Berlin (intervention: Organizing Women Workers in the Informal Economy).
31 mai– 15 juin (DG, KP): Conférence internationale du Travail, 95ème session, Genève (DG pour la FIAET, KP comme membre de la délégation Travailleurs, Allemagne)
6 juin: GLI, Conseil de fondation, Genève (DG, KP)
3 – 6 octobre (DG): 13a Conferencia regional REL-UITA, Santo Domingo
9 octobre (DG): 4ème Rassemblement pour les Droits Humains, Canton et République de Genève, Genève (introduction: “Présentation de la thématique”, publiée par le Département des Institutions de la République et Canton de Genève, dans le rapport de la réunion, janvier 2007). DG présidait la séance du matin.
15 – 16 décembre (DG): Institut international d’études sociales: Atelier sur: “Cross-border Social Dialogue and Agreements: an Emerging Global Industrial Relations Framework?”, BIT, Genève (intervention: International Framework Agreements: A Reassessment; sur le site du GLI)
FIAET
4 – 7 avril (DG): Atelier international: Workers’ Education and Workers’ Media in a Global Economy, Cape Town (intervention: Visions, Agendas and Tasks for Workers’ Media and Education Co-operation, non publié)
8 – 9 avril (DG): Comité exécutif, Cape Town
31 octobre (DG): 19ème Congrès, CISL, Vienne
1 – 3 novembre (DG): Congrès de fondation, CSI, Vienne
11 – 12 novembre (DG):Comité exécutif, Stockholm
WIEGO
13 janvier (DG, KP): Conférence de presse pour présenter la brochure “11 gute Gründe” sur la Convention de l’OIT sur le travail à domicile, Berlin
23 – 24 février (KP): Atelier “Moving Forward to Promote the Ratification of Homework Convention C. 177” (organisé par la FES Thailand, HomeNet Thailand et le GLI), Bangkok (intervention: Homework in the Context of Globalization, Situation of Homework at Global Level) (rapport sur le site: www.homenetseasia.org/thailand/news2006_ILO177.htlm (site de HomeNet Thailand).
21 au 25 avril (DG): Comité exécutif, Durban
22 – 23 avril (DG, KP): Assemblée générale, Durban
24 – 25 avril (DG, KP): Conférence: “World Class Cities” and the Urban Informal Economy: Inclusive Planning for the Working Poor, organisée avec le soutien de l’Université de KwaZulu-Natal et de StreetNet, Durban
7 – 8 novembre (DG), Comité directeur, Boston
ICTUR (DG): Conseil administratif, 3 juin, Genève
Collège du Travail (DG): Conseil de fondation, 16 juin, Genève
Pages de Gauche (DG): Comité: 17 mars, 25 août, 27 octobre, Lausanne
SOLIFONDS (DG):Conseil de fondation, 28 mars, Berne
Publications
Les archives du mouvement ouvrier: un enjeu identitaire, par Dan Gallin, dans: Archives, histoire et identité du mouvement ouvrier, Alda de Giorgi, Charles Heimberg, Charles Magnin (ed.), Collège du Travail, Genève, 2006
Die Schweizerischen Gewerkschaften und die internationale Arbeiterbewegung (Streiflichter), von Dan Gallin und Adrian Zimmermann, in: SGB Festschrift zum 125. Jubiläum, SGB, Bern, 2006
Les syndicats suisses et le mouvement ouvrier international, par Dan Gallin et Adrian Zimmermann, dans: La valeur du travail, histoire et histoires des syndicats suisses, Editions Antipodes, Lausanne, 2006
Dan Gallin: preface à: The Future of Organised Labour, Global Perspectives, by Craig Phelan (ed.), Peter Lang, Bern, 2006
Karin Pape: Zusammenfassung der Konferenz “Organisieren – Nicht Resignieren” Das Recht auf Vereinigungsfreiheit für die informelle Wirtschaft. Modelle, Strategien, Hindernisse, 18. und 19. März 2004, Berlin
Karin Pape: Informelle Ökonomie und Gewerkschaften in Deutschland
(les deux écrits dans: Organisieren – Nicht Resignieren. Armutsbekämpfung durch die Umsetzung des Rechts auf Vereinigungsfreiheit in der informellen Wirtschaft, Heft 110, Schriftenreihe Gerechtigkeit und Freiheit, Justitia et Pax, Bonn, Oktober 2006)
Karin Pape: The Story of Poshamaa-ben and a Special Trip to India, dans: Development has got a face, Reports and Experiences from an Exposure – and Dialogue Programme, EDP e.V., Bonn, s.d. (2006)
Dan Gallin: La nouvelle Internationale syndicale est née à Vienne, Pages de Gauche (Lausanne), décembre 2006
Autres activités
DG continue à être membre du comité de rédaction de Antipode, une revue de géographie critique (http://wip.antipode-online.net/default.asp.), du comité consultatif de rédaction de Federation News, la revue de la General Federation of Trade Unions (UK) (www.ier.org.uk ou: www.gftu.org.uk) et des comités de rédaction de International Union Rights, la revue du Centre international pour les Droits syndicaux (Londres) (www.ictur.org) et de Pages de Gauche (Lausanne), (www.pagesdegauche.ch).
DG est également membre du Conseil de fondation du Collège du Travail, une institution d’éducation ouvrière à Genève, et, depuis décembre 2005, membre de la Commission consultative sur les relations avec la Genève internationale, créée par le gouvernement du Canton de Genève pour suivre les relations avec les organisations internationales établies dans le Canton.
Secrétariat
Karin Pape continue à travailler à temps partiel comme assistante administrative et comme chercheuse et auteure dans le domaine de l’économie informelle. (voir aussi Réunions, Publications).
Comme par le passé Oscar et Nora Payuyo se sont chargés du nettoyage et de l’entretien.
Finances
Les dons reçus en 2006 comprennent CHF5,000 du syndicat suisse UNIA (comptabilisés en 2005), CHF600 du Collège du Travail et CHF5,250 de dons individuels. La Fondation des Droits de l’Homme au Travail a soutenu l’activité de promotion de la Convention de l’OIT sur le travail à domicile par une contribution de USD7,500.
Mariane Grobet-Wellner a tenu les comptes du GLI pendant la période examinée. Les comptes de 2006 ont été vérifiés, comme l’année précédente, par M. J.J.Mermier, (CIFISOR S.A). Son rapport (en français) est disponible sur demande.
Les comptes et le bilan pour 2006 sont joints à ce rapport.