Rapport d’activités (GLI, 2004)

Introduction
Dans la période faisant l’objet de ce rapport (1er avril 2004 – 31 mars 2005), le GLI a continué à travailler principalement sur les questions de l’économie informelle. En tant que membre du Comité de suivi du Programme d’organisation mondiale des femmes dans l’économie informelle (Women in Informal Employment Organizing and Globalizing, WIEGO), Dan Gallin a participé au sous-comité qui prépare la transition du WIEGO en une organisation d’adhérents, avec des nouveaux statuts. Le WIEGO ne prévoit toutefois pas de faire le travail de recrutement et d’organisation proprement dit, qui est dévolu au Comité de coordination (International Committee on Organizing Workers in Informal Employment, ICC), créé en décembre 2003 à Ahmedabad et qui a tenu sa première réunion en juin 2004 à Genève. Le WIEGO continuera de fournir son appui à l’organisation syndicale de l’économie informelle, surtout par de la recherche.Gallin et Pat Horn, la coordinatrice de StreetNet, le réseau international de vendeurs de rue et de marché, ont écrit un papier sur «l’organisation des femmes dans le secteur informel» qui fournira, espère-t-on, des données de base que les syndicats pourraient trouver utiles (il est disponible sur le site web du GLI).

Le GLI a également travaillé avec des syndicats et des organisations religieuses en Allemagne pour obtenir la ratification de la Convention de l’OIT sur les travailleurs à domicile (C.177). Karin Pape a fait la plus grande partie du travail sur ce projet et elle a préparé une brochure à distribuer aux parlementaires qui résume les arguments en faveur de la ratification. En même temps, le GLI a approché les syndicats et les membres de parlements dans quatre autres pays pour explorer les possibilités de ratification de cette convention 177.

Dans un autre domaine, le GLI a participé à la discussion sur l’avenir du mouvement syndical. Il est généralement admis que ce mouvement est en crise dans la plupart des pays du monde et particulièrement dans ses pays d’origine, les pays industrialisés d’Europe et d’Amérique du Nord. Dans le dernier rapport annuel, nous indiquions les signes de cette crise : perte de membres, incapacité de recruter parmi les masses croissantes de travailleurs inorganisés, manque de pouvoir pour résister à la répression, manque de capacité é résister à l’agenda néo-libéral. Nous estimions que sous-jacente à cette perte de pouvoir et d’autorité, il y avait une crise d’identité et d’orientation du mouvement. Une réponse au capital transnational ne viendrait pas, disions-nous, tant que nous ne récupérions pas une identité commune fondée sur une vision différente de la société.

Le GLI est de ceux qui pensent que l’idéologie du «partenariat social», devenue dominante dans le mouvement syndical dans les trois décennies de l’après-guerre, est maintenant le principal obstacle au renouveau. Il est clair que cette position est encore minoritaire : une grande partie du mouvement syndical se refuse encore à prendre conscience de la disparition de ses «partenaires sociaux» présumés, même quand le capital transnational a à l’évidence abandonné toute perspective de «partenariat» pour imposer unilatéralement ses intérêts à l’ensemble de la société.

Il existe un réel danger que la majorité du mouvement syndical cherche des solutions à la crise par des exercices de restructuration qui donneront des apparences de pouvoir mais sans la substance. C’est une question actuellement en discussion aux Etats-Unis. C’est aussi devenu une question débattue au niveau international avec la décision récente du congrès de la CISL de créer une nouvelle Internationale par la fusion avec la CMT (et quelques membres de la FSM plus des indépendants). L’absence de toute perspective politique et idéologique à l’appui de cette décision est frappante. On entend dire que cette fusion a pour but de «surmonter les divisions idéologiques du passé». Mais personne ne dit ce que l’idéologie de la «nouvelle Internationale» est censée être. On ne voit pas non plus ce qui empêchait par le passé la CISL de faire par elle-même ce qu’elle est maintenant censée faire dans la «nouvelle Internationale» au sein de laquelle elle compte environ 90% des membres. Il semble y avoir un calcul selon lequel une telle fusion rendra par elle-même au mouvement syndical le pouvoir et l’autorité qu’il a perdu, comme si, dans l’état actuel des choses, l’addition de deux faiblesses pouvait produire une nouvelle force. C’est de la pensée magique sans aucune base dans la réalité ou dans la raison. Le hérisson, pris dans les phares, fait toujours ce qu’il connaît le mieux : il se met en boule, avant d’être écrasé.

Il n’existe pas de tentative au sein des instances dirigeantes du mouvement syndical d’analyser le changement de nature du capitalisme qui a provoqué un grave déséquilibre de pouvoir aux dépens des travailleurs, ni d’analyser le changement de nature de la classe ouvrière, condition indispensable pour prétendre l’organiser. D’ailleurs, l’idée que les actuels dirigeants du mouvement syndical international cherchent à reconstruire ses forces pour lui permettre de combattre efficacement le capital international est peut-être fausse. Il est en effet décourageant d’entendre que le niveau d’ambition de la «nouvelle Internationale» n’est pas plus grand qu’exercer davantage d’influence sur la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. C’est-à-dire garder l’illusion d’un «partenariat social global» sous des conditions qui font du «partenariat social» une chose du passé, même là où le mouvement syndical a été le plus fort. L’adhésion de la plupart des syndicats internationaux au programme Global Compact des Nations Unies est une autre manifestation de cette politique de cooptation au niveau international.

Maintenir une apparence de négociation sans pouvoir de négociation : c’est une stratégie de soumission, et non pas une stratégie de lutte.

Nous ne pensons pas que le pouvoir syndical puisse être construit, ou reconstruit, à n’importe quel niveau, sans la participation de membres conscients, informés, motivés et militants. Cela ne peut certainement pas se faire dans des conditions telles que la plupart des membres ne sont même pas au courant de l’existence d’organisations qui prétendent parler en leur nom. Pour rebrancher les membres sur une perspective de lutte internationale, il faut un diagnostic réaliste de la situation, la volonté politique de la changer, une vision de l’alternative, une réforme démocratique du mouvement et un programme d’action global. Education, organisation et lutte vont de pair.

Par son site web et ses réseaux, le GLI continue de soutenir ceux qui travaillent pour la réforme du mouvement syndical, à travers leurs luttes, à travers la reconstruction de son identité de mouvement pour la transformation démocratique de la société.

Bien que la situation financière du GLI se soit légèrement améliorée en 2004, elle reste précaire. Nous avons fini l’année avec un petit surplus, mais il faudra consolider en 2005.

Le Conseil de fondation a tenu sa huitième réunion le 11 décembre, à Genève.

Réunions en 2004 et 2005
Dans la période qui fait l’objet de ce rapport, le président du GLI a participé aux réunions suivantes :

En 2004 :
19-23 avril : Séminaire du T&GWU sur la globalisation, le développement et le mouvement syndical international à Eastbourne (l’intervention originale en anglais, «Problèmes actuels du mouvement syndical international» est sur le site web sous Issues, International Trade Union Mouvement)
28 avril : Conseil de fondation du Solifonds, à Berne
22 mai :Congrès national des Jeunesses socialistes à Olten (l’intervention: «partis et syndicats», n’est pas publiée)
4 octobre :Congrès final de Unia, à Berne
16 octobre : Congrès de fondation de UNIA, à Bâle
Note : En Suisse, des changements importants ont eu lieu dans le mouvement syndical. En octobre, un nouveau syndicat général de travailleurs, UNIA, a été créé par la fusion de 4 syndicats du secteur privé : FTMH/SMUV, des métaux et textiles ;SIB/GBI, de la construction, papier et chimie ; FCTA/VHTL, commerce, alimentation et transports ; unia, des services. Avec 200 000 membres ( la moitié du total des affiliés à l’Union syndicale suisse (USS), UNIA est le plus grand syndicat de Suisse. Plus important, il se voit comme une réponse militante aux changements politiques et sociaux. Il prévoit un fonds important pour les activités syndicales, qui soutiendront des actions et non pas, comme le Solifonds, de la solidarité ponctuelle exclusivement, ou, comme l’OSEO/SAH, surtout de l’humanitaire.
19 novembre : Cérémonie d’hommage à l’exil des Républicains espagnols en Midi-Pyrénées, à Toulouse.
Note : Meeting co-sponsorisé par les autorités de la Région Midi-Pyrénées et le Gouvernement régional de Catalogne. Gallin a été invité comme ancien membre de l’Aide aux réfugiés espagnols (ARE), la branche suisse de Spanish Refugee Aid (SRA) fondée par Nancy Macdonald à New York en 1953. Le SRA a surtout aidé ceux des réfugiés qui n’étaient pas soutenus par d’importantes organisations politiques, notamment ceux de la gauche révolutionnaire et indépendante (CNT ou POUM). Quand Nancy Macdonald s’est retirée en 1983, le SRA avait aidé 5000 réfugiés. Il soutient encore un petit groupe de soixante-dix à quatre-vingt qui ne sont pas retournés en Espagne. Basée à Genève, ARE a été active du milieu des années cinquante au milieu des années soixante-dix.
25-27 novembre : atelier sur le changement de rôle des syndicats dans le monde du travail actuel, Forum de politique sociale à l’Université Bogaziçi (Bosphore) d’Istanbul. (L’intervention (en anglais): «L’organisation dans l’économie informelle» est disponible sur le site web (sous Issues, Informal Employment).

En 2005 :
11-12 mars : Cercle de Rotschuo (Schwyz)
FIAET
9-10 octobre : séminaire de la FIAET/Euro-FIAET sur le réseau global, la politique de l’éducation et la globalisation à Eastbourne (L’intervention: «Political Education and Globalization» est disponible sur le site (Issues, Politics))
11-12 octobre : comité exécutif de la FIAET
WIEGO
En 2004 :
7 juin : atelier : WIEGO et Comité de coordination international sur l’organisation des travailleurs informels (ICC) à Genève
11 novembre : Réunion préparatoire sur la ratification de la convention de l’OIT sur les travailleurs à domicile, Francfort.

En 2005 :
10-11 janvier : Réunion du Comité du WIEGO pour la transition, Ahmedabad
12-14 janvier : Réunions avec le SEWA (avec les responsables de l’exécutif, plus lancement de la Newsletter en ligne). Séminaire sur l’organisation dans le secteur informel, Ahmedabad.
10 février : groupe de travail sur la convention sur les travailleurs à domicile, Berlin.
IUED
Conseil de fondation : 29-30 avril; 15 octobre, 19 janvier, Genève
18 octobre : Table ronde : Le Vietnam à l’aube du 21ième siècle, Genève
19 octobre : Ouverture de l’année académique, Genève
Collège du Travail
7-8 mai : Réunion internationale «Archives, histoire et identité du mouvement ouvrier». (Intervention: «Les archives du mouvement ouvrier : un enjeu identitaire» sur le site en français ) Genève
25 juin : Conseil de fondation
Denknetz/réseau de réflexion
26 juin, Berne ; 25 septembre, Berne
Page de Gauche
14 mai, 3 octobre, 5 décembre, Lausanne
Oltener Kreis/Cercle d’Olten
28 août, Berne
Solifonds
10 novembre, Berne
Karin Pape

En 2004 :
17 mars : Participation au groupe de travail du DGB sur les migrations (en préparation de la Conférence internationale du travail) Berlin
18-19 mars : Conférence internationale (DGB et Justitia et Pax) Organiseren-Nicht resignieren. Das Recht auf Vereinigungsfreiheit für die informelle Wirtschaft. Modelle, Strategien, Hindernisse ; Berlin.
(résumé en voie de publication)
11-13 mai : Séminaire (IRENE, Evangelische Akademie zu Berlin, Evangelischer Entwicklungsdienst, DGB-Bildungswerk) : Travail et sécurité sociale décents dans l’économie informelle. Eléments d’une stratégie de développement orientée vers les pauvres, Berlin. (Karin a écrit un rapport de cette réunion, qui sera publiée dans la Newsletter de IRENE)
23-25 septembre : Séminaire (IRENE, Clean Clothes Campaign et Evangelische Akademie Meissen) : stratégies de campagne sur le travail informel dans l’industrie globale du textile, Meissen, Allemagne
11 novembre : réunion préparatoire sur la convention sur le travail à domicile, Francfort

En 2005 :
10 février : Groupe de travail sur la convention sur les travailleurs à domicile, Berlin
Karin Pape a également participé à la Conférence internationale du Travail en tant que déléguée allemande (DGB) au Comité sur les migrations.

Travail en cours, Réseau, Contacts
Gallin a terminé une étude sur le mouvement syndical international (14 000 mots) qui est maintenant sur le site («The Labour Mouvement», sous la rubrique Issues, International Labour mouvement). Ce texte a été commandé à l’origine par l’Université de Harvard, qui en publiera une version plus courte comme chapitre d’un livre sur les mouvements sociaux. Comme cela était dit dans le précédent rapport annuel, la version originale pourrait devenir une base pour du matériel d’éducation, en particulier pour l’organisation régionale Asie/Pacifique de l’UITA, qui a demandé au GLI de produire un tel matériel.
Le papier «L’organisation des travailleuses informelles» de Gallin et Pat Horn (voir supra) est également sur le site sous Issues ; Women Workers. Une version en sera publiée par l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD).

L ‘Institut universitaire d’études du développement (IUED) de Genève a demandé à Gallin d’écrire un papier sur les syndicats et les politiques du développement et de faire des séminaires sur ce thème durant 2005. Le texte devrait être prêt en septembre 2005.

Le GLI continuera en 2005 à œuvrer pour la ratification de la Convention de l’OIT sur le travail à domicile. Il le fait dans cinq pays pour l’instant où les conditions politiques paraissent favorables à une ratification, et plus dès que l’occasion s’en présentera.

Le site web du GLI se développe, avec l’aide de Mary Sayer, à Manchester. L’intention est de faire de ce site une importante ressource pour les syndicalistes, les militants politiques et les étudiants intéressés par le mouvement ouvrier international et son avenir.

En septembre 2004, un Global Labour Institute a été établi à Cornell University. Bien que la similarité des noms était non intentionnée, il est vite devenu clair que les deux «GLI» partagent d’importants objectifs. L’an dernier également, un Australian Global Studies Research Centre a été créé à l’Université d’Australie occidentale. Le GLI a l’intention des relations de coopération et de soutien mutuel avec les deux institutions. Nous saluerions la création de nouveaux GLI qui travailleraient ensemble pour des buts communs.

Le président du GLI reste membre du conseil éditorial de Antipode, une revue radicale de géographie, membre du comité éditorial consultatif de Federation News, le journal de la la General Federation of Trade Unions (GB) et du comité éditorial de International Union Rights, le journal du Centre international pour les droits syndicaux (Londres) et Pages de Gauche, (Lausanne), le mensuel suisse romand de la gauche du Parti socialiste suisse.

Conseil de fondation du GLI
Par décision de sa huitième réunion, (11 décembre 2004), le Conseil de fondation du GLI a invité Karin Pape a devenir membre.

Comité consultatif
Il n’y a pas eu de changement pendant la période faisant l’objet du présent rapport.
Werner Thönnessen a publié son autobiographie, Mein Tor zur Welt. Il était chargé de presse du syndicat allemand des métaux, IG Metall, de 1954 à 1972, puis secrétaire général-adjoint de la Fédération internationale des travailleurs des métaux (FIOM) de 1972 à 1989. Il est l’auteur de The Emancipation of Women : The Rise and Decline of the Women’s Movement in German Social-Democracy, 1863-1933, Pluto Press, 1973.

Secretariat
Karin Pape a continué à travailler à temps partiel comme assistante administrative (depuis le 1er janvier sur une base volontaire) et comme chercheuse et auteure dans le domaine de l’économie informelle. Elle écrit actuellement une brochure (en allemand) pour faciliter la ratification de la Convention de l’OIT sur le travail à domicile par les parlementaires allemands.

Comme par le passé, Oscar et Nora Payuyo se sont chargés du nettoyage et de la maintenance.

Finances
Marianne Grobet-Wellner a tenu les comptes du GLI pendant la période examinée. Les comptes de 2004 ont été vérifiés, comme l’an passé, par M. J.J.Mermier (CIFISOR S.A). Son rapport (en français), est disponible sur demande.

Une déclaration de revenus et dépenses et un bilan 2004 sont joints à ce rapport:

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