Rapport d’activités (GLI, 2003)

Introduction
Dans la période faisant l’objet de ce rapport (1er avril 2003 à 31 mars 2004), le GLI a continué à jouer un rôle important à la fois dans le WIEGO (Women in Informal Employment Organizing and Globalizing), le programme d’organisation des femmes dans l’économie informelle, et dans la Fédération internationale des Associations pour l’éducation des travailleurs (FIAET). Dans le WIEGO en fournissant un support logistique pour les réunions qui se sont tenues à Genève, en particulier en relation avec la Conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail, et en participant aux discussions en cours sur les structures et les activités du WIEGO. Dans la FIAET, que le président du GLI a présidée jusqu’en octobre 2003, par sa contribution à la préparation de la 19e Conférence générale, et au travail du Comité exécutif et du secrétariat en tant que conseiller spécial.Le GLI a aussi continué à fournir des informations, analyses et conseils aux syndicats, aux ONG liées au mouvement syndical, à des militants politiques, des étudiants, des chercheurs et des historiens.
L’année est passée sans apporter quelque amélioration notable à la situation du mouvement syndical au niveau mondial. Au contraire, d’une façon générale, celui-ci est resté dans un état de crise, y compris internationalement. Cette crise se manifeste à différents niveaux :

· Dans le recrutement où, sauf exceptions, les syndicats continuent de perdre des membres et sont incapables de pénétrer de façon significative dans la grande masse croissante des travailleurs inorganisés.
· Dans le manque de levier pour résister à la répression et la battre, qu’il s’agisse de campagnes d’assassinat systématiques, comme en Colombie, de politiques d’Etat, comme en Chine et d’autres Etats autoritaires ou de législations anti-syndicales adoptées par des gouvernements hostiles comme aux Etats-Unis.
· Dans l’incapacité de résister au néo-libéralisme imposé par les gouvernements, qu’ils soient conservateurs ou sociaux-démocrates, comme dans la plus grande partie de l’Europe.

Il y a eu quelques bonnes nouvelles, dont la plus récente a été la victoire de l’UITA dans la lutte pour la reconnaissance des syndicats par la chaîne d’hôtels Raffles au Cambodge. Ces victoires locales montrent ce que l’on peut obtenir avec la solidarité, même contre une opposition très puissante. Nous en avons besoin d’autres mais à elles seules elles ne suffisent pas à changer le tableau général. La raison en est qu’à part des succès syndicaux locaux et limités, le capital transnational garde le contrôle de toutes les institutions du pouvoir. Au niveau de la politique globale, le mouvement syndical a été incapable de mettre en place un contre-pouvoir crédible.

A la base de cette perte de pouvoir et d’autorité, il y a une crise d’identité et d’orientation. La crise d’identité provient de la désintégration du concept de société qui unissait le mouvement dans son histoire. On ne peut pas s’opposer au capital transnational si l’on n’a pas une vision alternative de la société. Traditionnellement, cette vision était le socialisme, mais aujourd’hui et pour quelque temps encore, le socialisme est lui-même en crise, et cette crise concerne sa signification elle-même.

En pratique, les expériences et les politiques du mouvement syndical dans les différentes régions du monde sont devenues si diverses que leur identité commune s’est perdue. Tout ce qui reste est le plus petit dénominateur commun, un programme purement défensif privé de toute vision plus large à même de donner de l’espoir aux peuples du monde, et jouant ainsi le jeu de ceux qui prétendent réduire le mouvement syndical à un «groupe d’intérêts» parmi d’autres, sans légitimité supérieure aux autres.

Que fait-on devant cette situation ? Il y a clairement le besoin de redéfinir le socialisme de telle sorte qu’il redevienne reconnaissable et accepté comme étant la politique qui est naturellement la nôtre, celle du mouvement syndical historique. Redécouvrir le sens du socialisme en termes larges et essentiels, dans une forme qui est profondément démocratique et en même temps ancrée fermement dans le mouvement syndical, ne devrait pas être une entreprise aussi énormément difficile qu’il y paraisse. Une grande partie du travail est sémantique. Nous devons récupérer notre langage et apprendre à exprimer des idées, simples en elles-mêmes, dans un langage simple et clair.

Retrouver le sens du socialisme signifie revenir aux racines. Notre point de départ doit être que nous voulons changer le monde. Dans la mesure où l’ordre mondial actuel est perçu comme inacceptable par une majorité de la population mondiale, nous savons que nous avons un support. Il faut donc aborder les problèmes et chercher des solutions.

Les buts minimaux sont ceux qui sont indispensables à la vie humaine. Ensuite viennent les problèmes qui déterminent les relations de pouvoir : la démocratie industrielle et le contrôle de la production par les travailleurs. Et enfin la question du pouvoir politique global. Le pouvoir du capital transnational s’exprime en termes politiques, à travers une variété d’institutions internationales formelles et informelles et à travers les principaux gouvernements, américain et européens surtout. Il est clair que le pouvoir syndical n’est pas en mesure actuellement de s’opposer à ce pouvoir et à ce niveau. Et contrairement à ce que certains croient, il n’est même pas en mesure de négocier à ce niveau avec la moindre chance de succès. Pour pouvoir s’opposer au système à ce niveau, il faudra que le mouvement syndical sache ce qu’il veut défendre, qu’il reconstruise son identité comme mouvement de transformation sociale, avec une vision commune d’une société alternative et meilleure.

Nous ne sommes pas seuls. Dans différentes parties du monde, les syndicats rencontrent les mêmes problèmes, et aux marges du mouvement syndical, des chercheurs socialistes, des économistes, des sociologues, des historiens, divers think tanks travaillent sur ces problèmes.

Le GLI continue d’apporter sa contribution à ce travail. Avec ses alliés, il continue de participer à la défense des droits des travailleurs et des syndicats en appuyant l’organisation des inorganisés, en particulier dans l’économie informelle. En même temps, il continue de s’engager pour gagner «la guerre des idées», en clarifiant les idées et valeurs qui sont à la base de notre politique, en déconstruisant l’idéologie de nos adversaires et en reconnectant les divers courants de la pensée et de l’action socialistes pour reconstruire le mouvement.

Réunions
Dans la période qui fait l’objet de ce rapport, le président du GLI a participé aux réunions suivantes :

En 2003
1) 21-22 juin : Conférence du Centre Praxis : «La gauche anti-totalitaire entre le passé et l’avenir», Moscou. Son discours est disponible sur le site (en anglais).
2) 20-22 août : LO-Skolen : Conférence sur la globalisation 2003, Helsingor. Discours sur le site (en anglais).
3) 17-18 novembre : Conférence de l’UNRISD : La responsabilité sociale des compagnies dans le développement. Vers un nouvel agenda ? Genève.

En 2004
4) 14 février : Réunion à la mémoire Walter Kendall, Londres
5) 26-27 mars : Retraite de Rotschuo, Rotschuo, (Schwyz)
6) 19-23 août : Séminaire sur la globalisation, le développement et le syndicalisme international du Transport & General Workers’ Union, Eastbourne.

Dans son rôle de président de la FIAET :
7) 1-2 avril : réunion de coordination du Global Network, Helsinki
8) 3 avril : Comité de coopération internationale de SOLIDAR
9) 4 avril : séminaire sur l’OMC de SOLIDAR : «Cancun, ce qui est en jeu pour le peuple», Helsinki
10) 5-6 avril : Journées de solidarité du Centre de solidarité syndicale de Finlande, (SASK), Lahti
11) 11-12 avril : Assemblée générale de SOLIDAR, Bruxelles
12) 22 mai : Célébration du centenaire de l’Association pour l’éducation des travailleurs, (WEA) d’Angleterre et Ecosse, Londres. Le discours, «Reconstruisons le mouvement», est sur le site de la FIAET : www.ifwea.org
13) 31 mai-1 juin : comité exécutif de la FIAET, Oslo
14) 4-19 juin : Conférence internationale de l’OIT, Genève
15) 27-28 juin : Comité exécutif de l’Euro FIAET, Bruxelles
16) 22-23 septembre : Institutul Muncii Moldova (Institut moldave du travail), table ronde sur «Le rôle de l’éducation syndicale pour le développement du mouvement syndical», Chişinău. Le discours, «L’indépendance du mouvement syndical comme condition pour progresser» est publié par IMM/CSRM dans un volume contenant les documents de la table ronde (en roumain, russe et anglais), Chişinău, 2004
17) 1er octobre, comité exécutif de la FIAET, Albufeira, Portugal
18) 2-5 octobre : 19e Conférence générale de la FIAET, Albufeira

En 2004
19) 5-6 mars, Comité exécutif de la FIAET, Manchester
Dans son rôle de membre du Comité exécutif du WIEGO :
20) 24-26 avril : séminaire régional latino-américain : Les défis pour les travailleurs de l’économie informelle, Lima (en collaboration avec PLADES, FIAET,ORIT, War on Want et Global Network).
Sous d’autres fonctions :
IUED, Conseil de fondation, 10 décembre 2003. Atelier sur le genre, 22-23 janvier 2004, Genève.
Solifonds : Réunions du Conseil en 2003 : le 15 mai à Berne et le 30 novembre à Zurich.
Pages de Gauche : Comité éditorial en 2003 : le 11 avril, le 11 mai, le 15 juin, Lausanne.
Cercle d’Olten/Oltener Kreis, le 9 mai, le 14 juin à Lausanne
Collège du Travail, Conseil, le 28 août à Genève

Publications
Dan Gallin : Syndicalisme – le retour (in Choisir, revue des Jésuites, Carouge, Suisse, avril 2003, consultable sur le site web.
Dan Gallin : The international sex workers’ movement (sur le site, en anglais);
Karin Pape : Informalität-Globalisierung : Neue Formen der gewerkschaftlichen Organisation am Beispiel StreetNet ( sur le site du GLI) ; une version abrégée a paru dans Die Mitbestimmung (journal de la Fondation Hans-Böckler), Nr. 9/2003 («Die Welt der Strassenverkäufer »).
Lucia Rosales : La economia informal en America latina (sur le site web)
Argentina : el moviemiento piquetero (sur le site)

Travail en cours, projets, réseau, contacts
En décembre 2003, l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD) a invité Dan Gallin et Pat Horn, la coordinatrice de StreetNet international, à produire un papier de fond dans le cadre de son rapport sur la politique de genre à paraître en 2005. (A l’occasion de Pékin+dix). Le sujet du papier est de montrer comment les travailleuses du secteur informel s’organisent. Un premier jet de 40 pages (18000mots), «Organisation des travailleuses du secteur informel», est actuellement entre les mains de l’UNRISD pour approbation et commentaires.

En juillet 2003, le Centre Hauser pour les organisations sans but lucratif de l’Université de Harvard a demandé à Dan Gallin de contribuer par un chapitre sur le mouvement syndical à un livre sur les mouvements sociaux (le titre de travail est «La revendication d’un pouvoir global : la société civile transnationale et la gouvernance globale». DG a rendu un premier jet en juin 2004 («The Labor Mouvement», 25 pages, 12 000 mots), qui s’est révélé problématique car les éditeurs avaient demandé 6000 mots et ne pouvaient pas l’accepter sous cette forme. Ils ont offert de le raccourcir. Dans sa version originale, il pourrait former la base d’une brochure pour le programme d’éducation de l’IUTA en Asie/Pacifique, qui avait été demandée à DG.

Denknetz/Réseau de réflexion est un think tank suisse créé en novembre 2003 par des syndicalistes, des chercheurs, des éditeurs et des militants politiques pour discuter des problèmes économiques, politiques et sociaux actuels. Il a pour but de «promouvoir une société fondée sur les valeurs fondamentales de la liberté, de l’égalité et de la solidarité». DG en est un membre fondateur, le GLI a mis à disposition sa liste d’institutions d’éducation et de recherche (présente sur le site anglais à l’entrée «Resources») ainsi qu’un article de Susan George (avec sa permission) explicitant le rôle des think tanks dans la formation de l’opinion politique (How to Win the War of Ideas, in Dissent, été 1997.

Le Global Union Research Network (GURN) a été créé en janvier 2004 par le Bureau de l’OIT pour les activités des travailleurs (ACTRAV), en collaboration avec la CISL et le TUAC, pour répondre à plusieurs demandes, notamment celle des Fédérations syndicales globales (GUFs). Le GLI a contribué à établir pour le GURN, comme il l’a fait pour Denknetz, une liste des institutions d’éducation et de recherche.

L’échange d’informations se poursuit. DG a également participé à un débat sur l’avenir du mouvement syndical international au sein du réseau GURN.

Le GLI a exploré les possibilités de faire ratifier la Convention 177 de l’OIT sur les travailleurs à domicile par davantage de gouvernements. Cette convention définit les droits des travailleurs à domicile et elle représente un important instrument pour organiser ces travailleurs dans les syndicats. Elle a été adoptée à la Conférence du Travail de 1996 par une petite majorité, contre une forte opposition des employeurs qui ont annoncé à l’époque leur intention d’empêcher la ratification partout où ils le pourraient. En fait, seuls quatre pays l’ont ratifiée jusqu’à maintenant, l’Albanie, la Finlande, l’Irlande et les Pays-Bas. Pour renforcer l’autorité de cette convention et pour empêcher qu’elle soit sabotée par les organisations d’employeurs, au sein de l’OIT comme à l’extérieur, il faut un plus grande nombre de ratifications. Le GLI contribue à les rechercher là où les conditions politiques y sont favorables.

Le site web du GLI s’est développé pendant la période examinée, surtout en 2004. De nouveaux documents y ont été ajoutés, dans toutes les langues offertes mais principalement en anglais (et par différents auteurs également en anglais, français et espagnol).

Le président du GLI a continué dans son rôle de membre du comité éditorial de Antipode, un journal radical de géographie, de conseiller du comité éditorial de Federation News, le journal du GFTU (Grande-Bretagne), du comité éditorial de International Union Rights, le journal du Centre international pour les droits syndicaux (Londres) et de Pages de Gauche, (Lausanne), le mensuel de la gauche suisse romande du parti socialiste.

Conseil de fondation du GLI
En octobre 2003, le conseil a décidé, après consultation par correspondance, d’inviter Mel Doyle, l’ancien secrétaire général-adjoint de l’Association pour l’éducation des travailleurs (d’Angleterre et Ecosse) (WEA), à devenir membre. Mel a assisté à sa première réunion du conseil le 18 décembre 2003.

Conseil consultatif du GLI
Nous sommes tristes d’avoir perdu deux amis : Daniel Benedict est mort à Ottawa le 16 septembre 2003, et Walter Kendall est décédé à Londres le 27 octobre 2003. Une nécrologie de Daniel Benedict et un discours de Anthony Carew lors du Memorial organisé pour Walter Kendall sont disponibles sur le site.

Etant donné les difficultés pratiques que rencontrent Giampiero Alhadeff et Vic Thorpe pour participer aux réunion du conseil de fondation du GLI, les deux ont accepté de le quitter pour devenir membre du conseil consultatif.

Demetrio Boersner (Venezuela), a accepté de rejoindre le conseil consultatif. Boersner est un professeur de science politique avec une carrière remarquable dans les institutions académiques et la diplomatie vénézuélienne. Il a été actif dans le mouvement socialiste du Venezuela depuis les années soixante (Dans le parti social-démocrate Acciòn Democratica, puis dans les parti socialistes de gauche MEP et Izquierda Democratica).

Secrétariat
Karin Pape a continué à travailler à temps partiel comme assistante administrative (sur une base volontaire depuis le 1er janvier 2004) et comme chercheuse et auteur sur les problème de l’économie informelle.

Comme les années précédentes, Oscar et Nora Payuyo ont été responsables du nettoyage et de l’entretien.

Administration des finances
Marianne Grobet-Wellner a tenu les comptes du GLI pendant la période en revue. Les comptes de 2003 ont été vérifiés, comme l’année précédente, par M. J.J Mermier (CIFISOR S.A). Le rapport de vérification est disponible sur demande (en français seulement).

Les comptes et le bilan de 2003 sont joints à ce rapport:

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